Le trottoir se révèle être un espace urbain très résilient.
Isabelle Baraud-Serfaty
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Le trottoir se révèle être un espace urbain très résilient.
Isabelle Baraud-Serfaty
Le trottoir illustre aujourd’hui la mutation des villes sous l’effet des transitions numérique, écologique et post-Covid.
Isabelle Baraud-Serfaty
(P)RÉPARER
Le trottoir. C’est un objet si courant qu’il figure en bonne place dans les imagiers des tout-petits. Pourtant, le terme est largement absent du langage des urbanistes et des penseurs de la ville qui privilégient le plus souvent l’expression « espace(s) public(s) ». Une première explication est certainement que l’« espace public » est à la fois plus large (il inclut aussi l’autre partie de la rue qu’est la chaussée, et les places et les espaces verts) et davantage porteur des valeurs de citoyenneté. Mais une autre raison est sans doute la connotation négative qu’on attache en France au mot « trottoir », associé à « la vie dans la rue » et à la prostitution.
Les trottoirs existaient à Pompéi, mais ont ensuite disparu du paysage des villes européennes jusqu’à leur réapparition en France au tournant du XIXe siècle, puis leur généralisation avec une loi de 1845 portant sur leur financement, laquelle coïncide avec la création des grands réseaux d’eaux, d’égouts et de gaz qui s’accélère sous Haussmann. Symbole de la naissance des infrastructures urbaines sous l’effet des transformations hygiénistes et industrielles au milieu du XIXe siècle, le trottoir illustre aujourd’hui la mutation des villes sous l’effet des transitions numérique, écologique et post-Covid.
Primo, les encombrements se multiplient sous l’effet du numérique, notamment parce que la plupart des habitants ont désormais dans leur poche un « super ordinateur » et peuvent être géolocalisés. C’est le cas avec les trottinettes et autres engins de déplacement personnel en libre-service et aussi avec les opérateurs de voitures de transport avec chauffeurs et de logistique urbaine, qui « embrassent » le trottoir et sa bordure pour prendre en charge ou déposer passagers ou colis.
Secondo, les préoccupations environnementales conduisent à l’apparition de nouveaux objets sur le trottoir : bornes de recharge électriques ou de collecte de déchets, bornes d’apport volontaire pour les déchets alimentaires en vue de leur compostage, fontaines rafraîchissantes, brumisateurs d’air, arbres…
Tertio, de nombreux encombrements sont de plus en plus le fait des habitants-usagers-consommateurs qui deviennent producteurs soit individuellement, avec les permis de végétaliser, soit agrégés dans des collectifs portés par des associations ou des entreprises de l’économie sociale et solidaire ; ou encore acteurs des circuits courts alimentaires pour lesquels le trottoir constitue bien souvent le lieu physique où ils retirent leurs produits.
Alors que le trottoir était perçu le plus souvent comme le vis-à vis de la chaussée (la chaussée pour les voitures, le trottoir pour les piétons), et donc essentiellement dans sa composante liée à la mobilité, il doit de plus en plus être appréhendé dans sa dimension d’immobilité, autour de trois nouvelles fonctions :
paroles d'Isabelle Baraud-Serfaty reportage : Le Pont-de-Claix et l'espace public