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L’e-santé, vers l’accès aux soins pour tous ?

Écrit par : Farah Lhacheq, Chargée d’études urbanisme santé à l’Agence, avec l’aimable concours de Chloé Berut, Doctorante, Laboratoire Pacte

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Farah Lhacheq

À quoi correspond l’e-santé ? Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’e-santé représente « l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour la santé ». Elle fait référence à l’ensemble des dispositifs numériques en lien avec la santé mis en place et faisant l’objet de politiques publiques : les Systèmes d’informations de santé (SIS), la télémédecine, la santé mobile. Les objectifs de l’e-santé sont multiples : amélioration de la qualité des soins prodigués, économies financières et amélioration de l’accès aux soins pour tous.


L’e-santé existe depuis le début des années 2000. Pourtant, ce n’est que depuis un an que l’on commence à voir concrètement des projets se développer dans les territoires français. Les barrières à sa mise en œuvre sont multiples : freins politiques, freins financiers, freins juridiques, temps de montage des projets, temps d’expérimentation. Cela n’empêche pas l’e-santé de se faire progressivement une place en France.


L’e-santé, une solution miracle aux déserts médicaux ?


L’e-santé n’a pas vocation à être le remède miracle aux déserts médicaux. Ce n’est qu’un objectif parmi d’autres. L’inégalité numérique des territoires et le décalage entre les pratiques des usagers et les pratiques de la télémédecine rendent complexe sa mise en œuvre dans les zones rurales et vieillissantes. Les technologies n’existent que dans l’usage. Or, cet usage est actuellement limité en France.

Les pouvoirs publics misent davantage sur le repeuplement des professionnels de santé dans ces zones. Parmi les solutions pour encourager les professionnels à s’installer dans ces territoires, on retrouve les Maisons de santé pluridisciplinaire (MSP), ainsi que les dispositifs d’incitation financière tels que les bourses d’études ou les aides financières à l’installation.

Des projets de télémédecine voient néanmoins le jour dans les territoires en pénurie de professionnels de santé, avec l’installation de cabines e-santé. À Roanne, dans la Loire, une cabine de télémédecine a été installée dans une pharmacie mutualiste il y a quelques années. Cette cabine permet aux patients de faire eux-mêmes un diagnostic de routine (poids, tension, pouls, rythme cardiaque et plus encore), tout en restant accompagnés par un médecin. Après plusieurs mois d’expérimentation et des retours positifs, une autre cabine sera installée dans une zone rurale, sans praticiens, pour offrir un meilleur accès aux soins aux populations dans les déserts médicaux.


L’e-santé au secours des populations vulnérables

L’e-santé peut être une solution pour que certaines populations vulnérables comme les étudiants, accèdent aux soins. Selon une enquête de la LMDE datant de 2015, la santé des étudiants se dégrade : addiction aux drogues, dépression et stress, mauvaise alimentation, mauvaise connaissance du système de santé, renoncement aux soins par manque de moyens financiers. Ainsi, des idées commencent à émerger pour faciliter leur accès aux soins et parmi elles, la mise en place de cabines de télémédecine dans les campus universitaires.


Le renouvellement des générations contribuera probablement au développement de l’usage et de la pratique de l’e-santé dans les prochaines années. Les nouvelles générations de professionnels de santé et de patients ayant grandi avec le déploiement des technologies s’empareront plus facilement de l’e-santé et pourront ainsi contribuer à son développement.

Aujourd’hui, il est impossible de connaître l’ampleur réelle de l’e-santé et de ses bénéfices : elle en est à ses prémices. En France, nous sommes encore loin d’un système de santé connecté mais son évolution vers le numérique est inéluctable.