L’énergie est, par définition, la grandeur qui se conserve au cours de l’évolution d’un système. L’impossibilité de créer ou de détruire l’énergie est l’une des prédictions les plus fiables de toute la science : ex nihilo nihil fit.
Quelques éléments pour s’extraire d’une cécité devenue suicidaire à propos de notre utilisation de l’énergie :
-La quantité totale d’énergie dépensée dans le monde est extraordinairement élevée et très inégalement répartie. Elle s’élève à plus de 1 000 milliards de « tonnes équivalent pétrole » et a augmenté de 100 % en 40 ans. Elle est très majoritairement carbonée et orientée à la hausse.
-La mise en œuvre, assez anecdotique, d’énergies dites renouvelables – dont le bilan carbone est loin d’être nul – vient en règle générale s’ajouter aux autres énergies déjà disponibles et ne les supplante pas. Elle empire donc le problème plus qu’elle ne le résout.
-Sur une planète de taille finie, la quantité d’énergie fossile disponible est finie. Une récession est donc inévitable. Si elle est anticipée et désirée, elle peut contribuer à une évolution salutaire. Si elle demeure niée ou diabolisée, elle se produira bien trop tard au niveau écologique et nettement trop rapidement au niveau social.
-La « pensée magique » évoquant une énergie propre demeure tenace malgré les démentis factuels. Dernier exemple en date : les sirènes de l’hydrogène. Le produire requiert, évidemment, une quantité d’énergie supérieure à celle qui sera ensuite fournie au moteur de l’automobile réputée propre...
-Baisser les émissions de CO2 nécessite de diminuer la production et donc le PIB. Il faut composer avec le réel plutôt que le nier.
-L’idée répandue suivant laquelle la consommation énergétique va pouvoir demeurer constante ou croissante avec un impact écologique plus faible, grâce à une production décentralisée, n’est pas soutenue par les faits. Bien au contraire, la puissance installée devrait alors être considérablement plus élevée.
Fermer les centrales nucléaires en France n’a de sens que si elles ne sont pas remplacées par d’autres sources d’énergie. Ces dernières demeurant, en moyenne, plus nuisibles encore.
Le point nodal : ce que nous faisons de l’énergie est sans doute plus catastrophique encore que les émissions carbonées qui sont associées à son utilisation. Même si nous n’émettions pas un seul gramme de CO2 nous demeurerions dans la sixième des extinctions massives qui ont modifié à jamais la vie sur Terre.
Il n’y a donc aucun infléchissement possible de la catastrophe en cours sans baisse notable de l’utilisation de l’énergie. Et s’il s’agit d’une condition nécessaire ce n’est hélas pas du tout une condition suffisante.