Face à la multiplication des crises climatiques, sanitaires, économiques et sociales contemporaines n’y a-t-il pas urgence à refondre le récit métropolitain ? Non exclusivement compétitives et plus coopératives, frugales et neutres en carbone, plus hospitalières et moins sélectives, mieux encastrées dans leurs géographies et plus respectueuses de leurs paysages… les enjeux métropolitains ne se déclineraient plus seulement en termes de compétitivité et d’attractivité, mais aussi en termes de résilience et d’hospitalité.
Dans ce contexte, quid de Grenoble ? Une question sous-tend les travaux des chercheurs de la plateforme Popsu : quelles actions engager localement pour accroître les leviers de résilience des métropoles, en lien avec leur environnement ? Les résultats de la recherche nous invitent à prêter attention aux émergences, à tous ces signaux faibles qui marquent l’amorce d’un changement, à la fois possible et nécessaire. La collectivité locale est attendue sur des fonctions d’intermédiation, de grand « assemblier » de micro-dynamiques, afin que ces actions, citoyennes, entrepreneuriales, associatives, puissent changer d’échelle, s’amplifier. Mais, ces petites choses que les chercheurs ont observées peuvent aussi constituer des marqueurs de délitement, d’affaiblissement et de fractures, sur lesquels la collectivité doit veiller et agir pour maintenir la cohésion sociale et territoriale.
Le projet aborde ces questions à travers trois entrées : la Métropole expérimentale interroge la résilience du système économique grenoblois ; la Métropole géographique questionne le rapport de la ville aux éléments alpins qui l’environnent (plaine, pente, eau) ; et enfin, la Métropole hospitalière analyse les enjeux de l’accueil et du bien-vivre dans un territoire métropolisé.
Ce sont tous ces sujets, que les treize chercheurs de l’UGA (laboratoire Pacte et AAU-Cresson-Ensag) et de Grenoble École de Management (GEM), accompagnés par les équipes de l’Agence et de la Métropole, ont tenté d’éclairer par leurs travaux d’enquêtes, d’observations, de traitements de données, réalisés depuis plus deux ans.
Mais, que ce soit en matière d’économie(s), de géographie(s) ou d’hospitalité(s), les résultats convergent vers une même nécessité : appréhender et soutenir avec la même attention l’ordinaire et l’extraordinaire pour gagner en résilience. Dès lors, comment (ré)concilier l’économie innovante, technologique, compétitive et l’économie locale, essentielle, sociale ? Comment mieux prendre en compte dans le dess(e)in métropolitain ces espaces situés à l’interface des paysages domestiques et exceptionnels et ainsi contribuer à une véritable résilience urbaine ? Comment attirer, mais aussi retenir et accueillir une diversité de population pour en faire un levier du bien-vivre territorial ? Loin d’être exhaustives, ces interrogations que Grenoble se pose, nous les soumettons aux autres métropoles, à celles d’aujourd’hui comme à celles qui viennent…