APPROFONDIR

De l'informatique à l'intelligence artificielle

Grenoble au sommet de l'intelligence artificielle

Écrit par : Philippe Cardin, Président du conseil scientifique de l’Agence

Philippe Cardin
Philippe Cardin
L'Institut MIAI Grenoble Alpes
L'Institut MIAI Grenoble Alpes
Adobe Stock
Adobe Stock

L’Université Grenoble-Alpes vient d’être choisie pour abriter un nouvel institut interdisciplinaire en intelligence artificielle (comme Paris, Toulouse et Nice), le Multidisciplinary Institute in Artificial Intelligence (MIAI). Ici, acteurs publics et privés s’unissent pour financer une trentaine de chaires et des programmes de recherche dans les thématiques de la santé, de l'environnement et de l'énergie, associant ainsi les outils mathématiques d’intelligence artificielle en cours de développement aux domaines de prédilection de la métropole alpine. Ce n’est pas un hasard, les informaticiens innovent depuis plus de 70 ans sur ce territoire et on peut espérer que ces investissements permettront la découverte de liens cachés dans les données numérisées et l’émergence d’outils sophistiqués d’aide à la décision.

Algorithmes, nouveaux maîtres à penser


Il s’agit d’utiliser des algorithmes, des procédures numériques bien déterminées et rapides, pour mimer des procédures automatiques d’association à l’œuvre dans nos cerveaux. En particulier, un des enjeux est de quantifier la certitude ou l’incertitude d’un résultat comme cela est courant en sciences. Or, cela nous interpelle vis-à-vis de nos décisions humaines : savons-nous évaluer nos incertitudes ? Errare humanum est, Perseverare diabolicum (L’erreur est humaine, persévérer est diabolique) : la sentence est acceptable quand une décision, du fait d’une erreur d’analyse, s’avère peu judicieuse, mais l’est-elle encore quand cette erreur provient d’une machine qui propose une décision basée sur des probabilités ? Cette question invite à construire des algorithmes qui apprennent de leurs erreurs, mieux que les hommes ne savent le faire.


Les boussoles de la modernité au service de l’intérêt général


L’aménagement de nos villes doit aussi pouvoir bénéficier de cet élan et de ces progrès. Est-il possible de découvrir les causes du sentiment de bien vivre dans sa ville ou au contraire, peut-on trouver des facteurs cachés qui engendrent la pauvreté, la violence dans nos sociétés pour les combattre ? Plutôt que de fonctionner à l’intuition ou au doigt mouillé, ces outils intelligents doivent permettre à nos sociétés (et à leurs décideurs) d’améliorer le sort de chacun dans l’intérêt de tous, et les partenaires publics de l’Agence ne doivent pas laisser aux seuls appétits commerciaux l’avantage de la modernité, dès lors qu’elle concerne l’intérêt collectif.


La santé, l’environnement et l’énergie sont au cœur de nos politiques publiques et nous devons utiliser au mieux toutes nos connaissances et nos facultés d’analyse critique pour servir les habitants du territoire, à partir de leurs besoins et usages. À nous d’être intelligents dans l’utilisation de l’intelligence artificielle !


vidéo : entretien avec Éric Gaussier parole d'Éric Gaussier