ANCRAGE

Vivre avec le risque en région grenobloise

Écrit par : François Giannoccaro, Directeur de l’Institut des risques majeurs - IRMa

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François Giannoccaro

Fort de 30 ans d’actions de sensibilisation, d’information, de prévention, d’éducation au risque majeur mené par l’IRMa - un organisme où se côtoient collectivités territoriales, industriels, associations de protection de l’environnement, organismes de presse et d’information - son directeur nous livre sa lecture du contexte grenoblois, des outils à disposition, et de l’exigence d’une stratégie de résilience autour d’un maître-mot : la responsabilisation collective.

Territoires à risques, la métropole grenobloise ?!


Séismes, inondations de plaine, crues et laves torrentielles, mouvements de terrains, feux de forêts, avalanches. Les risques naturels qui pèsent sur la région grenobloise, en particulier dans les secteurs de relief, sont aussi divers que nombreux. Et que dire du risque industriel, dans une métropole qui concentre au sud, une plate-forme chimique drainant des flux de transports de marchandises dangereuses et, presque en cœur de ville, une installation nucléaire de base avec l’Institut Laue-Langevin (ILL). Sans oublier enfin, qu’au moins une dizaine de grands barrages menace la sécurité publique. La rupture d’un seul d’entre eux pourrait engendrer une onde de submersion dramatique pour nos vallées.


Ce noir tableau étant brossé, est-il vraiment possible de concilier prévention des risques et aménagement sur un territoire comme le nôtre ? C’est un sujet délicat qui pose la question de la responsabilité et par extension, de la responsabilisation collective. Ainsi les citoyens doivent parfaitement connaître les consignes individuelles de sécurité à respecter en cas d’évènement. Et il est du devoir des responsables et décideurs locaux que d’aménager et de développer durablement le territoire en tenant compte de l’état de la connaissance des risques, forcément évolutif.


Se préparer à faire face à des événements majeurs. Un outil majeur : le PCS


Ces dernières années ont connu de réelles avancées en matière de prévention des risques naturels et industriels.


En instituant le Plan communal de sauvegarde (PCS) en 2004, le législateur a donné plus qu’une base légale aux initiatives locales : c’est un véritable outil d’aide à la décision du maire pour faire face à la crise, le maillon local de la sécurité civile. Il organise la réponse de proximité en prenant en compte l’information, l’alerte et le soutien aux populations, ainsi que la mise en œuvre des premières mesures d’urgence et l'appui aux services de secours, jusqu’au retour à la normale.


Dispositif aux composantes techniques, humaines et organisationnelles, un PCS ne peut prouver son efficacité que s’il est soumis à l’épreuve du terrain. Mais faut-il attendre la catastrophe ? Les retours d’expérience démontrent l’importance d’évaluer sa robustesse et son opérationnalité, par des entraînements, exercices, formations et tests réguliers. Force est de constater qu’ils ne sont pas légion.


Développer la résilience du territoire face aux risques : une exigence


Il n’y a pas une juxtaposition de risques et d’enjeux (individus, bâtiments, exploitations, matériels…), comme autant d’éléments indépendants. Tous s’intègrent dans des systèmes complexes (organisations, territoires, sociétés…) qui doivent faire face et retrouver un fonctionnement satisfaisant après un événement perturbateur.


C’est ici qu’intervient la notion de résilience, pour une meilleure prise en compte de cette complexité. Charge aux responsables et décideurs locaux de définir les priorités de gestion de leur territoire, à moyen et long terme, avec trois grands objectifs : augmenter la sécurité des populations exposées aux risques ; stabiliser à court terme et réduire à moyen terme le coût des dommages liés aux catastrophes ; raccourcir enfin fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés en optimisant leur niveau de résilience.


Le développement d’une culture du risque avec l’Institut des risques majeurs


Depuis sa création il y a 30 ans (en 1988) sous l’impulsion du Conseil général de l’Isère, l’Institut des risques majeurs (IRMa) travaille sur l’ensemble du territoire de la métropole et plus largement en Auvergne-Rhône-Alpes, pour développer une culture du risque auprès des populations mais aussi, et tout particulièrement, auprès des autorités locales, responsables et décideurs locaux. Objectif : les aider à se préparer à faire face à des situations de crise.


C’est ainsi que l’IRMa anime par exemple, des exercices de sécurité civile pour les maires qui souhaitent mettre à l’épreuve leur organisation. Grenoble, Échirolles, Le Pont-de-Claix, mais aussi Gières ou encore Champ-sur-Drac, en ont bénéficié récemment, avec la participation des habitants. Le message adressé aux maires est simple mais clair : « c’est comme au foot, il faut s’entrainer pour être prêt, en associant peu à peu les habitants aux exercices ». L’IRMa vient d’ailleurs de créer une cellule mobile d’appui aux entraînements et aux exercices. Une première au niveau national.


L’éducation aux risques majeurs concerne évidemment aussi l’Éducation nationale, auprès de laquelle l’IRMa intervient, dans les écoles, collèges, lycées, les universités, avec les enseignants. Sans oublier l’accompagnement des réflexions du SPPPY* grenoblois en vue de la prochaine campagne réglementaire d’information préventive sur les risques industriels majeurs. À partir du mois d’octobre 2018, chaque foyer concerné sera destinataire des consignes de sécurité à tenir en cas d’accident industriel.


* Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions et des risques dans la région grenobloise.


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