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La méthanisation

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©Frederic Berthet
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Pauline Evrard-Guespin, Directrice Territoriale Alpes, GRDF


L’Isère est un département qui dispose d’un tissu industriel important, d’une agriculture variée et de territoires ambitieux et impliqués : ce sont de vrais atouts. C’est le département de la Région qui compte le plus de projets de méthanisation en injection : sur les 130 projets qui ont réservé une capacité d’injection dans le réseau de gaz, ¼ sont situés en Isère, soit 35 unités dont 4 déjà en fonctionnement.


La méthanisation est une filière jeune : l’autorisation d’injecter du biométhane dans les réseaux de gaz date de fin 2011. Le début de cette filière est un vrai succès. La capacité de production d’énergie renouvelable installée en France est aujourd’hui de 3,1 TWh par an, soit l’équivalent de la consommation de gaz de 260 000 logements ou de 12 000 bus roulant au BioGNV. Ce succès se traduit par le développement d’une filière industrielle implantée dans les territoires : en région Auvergne-Rhône-Alpes, sur les 330 entreprises de la filière gaz, la moitié environ ont développé une activité biogaz. Ce succès signifie également la création de richesse au cœur des territoires puisque 75 % de la valeur-ajoutée d’un projet revient à des entreprises françaises.


Quels sont les projets de méthanisation de notre territoire ?

Le terme « projet de méthanisation » fait référence à des typologies de sites qui peuvent être très variés selon le type d’intrant principal et le porteur de projet. La méthanisation la plus répandue est la méthanisation agricole : 80 % du gisement méthanisable en France est d’origine agricole.
Une autre typologie de méthanisation est celle réalisée à partir de boues de stations d’épuration. C’est celle qui a démarré le plus tôt dans la région. Ainsi, de nombreuses stations dont celle d’Aquapole, située à Fontanil-Cornillon, produisent du gaz vert.

La méthanisation peut également être réalisée à partir de déchets ménagers et biodéchets : c’est le cas de la Métropole grenobloise qui a inscrit ce projet dans son Schéma Directeur des Déchets à horizon 2030.


Quels sont les enjeux liés au développement de la méthanisation ?

L’enjeu de la méthanisation auquel nous pensons en premier est souvent énergétique en raison de la production d’une énergie renouvelable sur le territoire. Réussir la transition énergétique nécessite de trouver un juste équilibre entre prix de l’énergie, impact environnemental et indépendance énergétique. Le gaz est un vecteur énergétique qui apporte ses atouts (compétitif, stockable, souple d’utilisation, acheminé via une infrastructure existante) pour un mix énergétique équilibré.


Un autre enjeu de la méthanisation est agronomique. Les cultures utilisées sont des cultures intermédiaires implantées entre deux cultures principales qui n’ont donc pas vocation à remplacer les cultures alimentaires. Elles contribuent à maintenir un sol couvert, donc à limiter son érosion, à diversifier les espèces cultivées sur les exploitations agricoles et rendent divers services au sol. De plus, le digestat issu de la méthanisation est un fertilisant naturel qui pourra se substituer aux engrais azotés. On y recourt souvent pour la transition des exploitations vers l’agriculture biologique.


L’enjeu est également environnemental en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, au traitement des déchets et à la mise en place d’une économie circulaire.


Enfin, la méthanisation a un enjeu socio-économique avec la création d’emploi, une contribution à la dynamique territoriale de transition énergétique, le maintien de l’emploi dans les zones rurales, ou encore en œuvrant pour l’indépendance énergétique. Sur ce dernier point, l’Ademe a publié une étude montrant que la France pourrait être autonome en produisant 100 % de sa consommation de gaz en 2050. La méthanisation permettrait de produire le tiers de ces besoins.


lire la note juridique de l'Agence : implanter une unité de méthanisation